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Raul, infatigable moteur des processus d’intégration et antiimpérialiste par excellence

Raul discursos libroCONTRAIREMENT aux universitaires et aux intellectuels qui consacrent du temps à l’organisation de leur œuvre, la pensée des révolutionnaires ayant des responsabilités d’État est souvent dispersée dans le temps et parmi des milliers de discours, d’entretiens et de déclarations.

La tâche du chercheur est alors de sauvegarder cet héritage et de l’organiser de manière à ce qu’il serve à saisir l’ampleur d’une personnalité et le moment historique qu’il lui a été donné de vivre.

C’est précisément ce que le chercheur et essayiste Abel Gonzalez Santamaria a réalisé avec le livre Raul Castro y Nuestra América. 86 discursos, intervenciones y declaraciones, (Raul Castro et Notre Amérique. 86 discours, allocutions et déclarations), qui a été présenté à la salle Nicolas Guillén de La Cabaña, dans le cadre des activités de la Foire du Livre.

Le travail de Gonzalez Santamaria dépasse la simple historiographie pour nous proposer Raul, l’homme d’État, dont l’œuvre s’est affirmée avec la pratique révolutionnaire au cours de plus d’un demi-siècle. Il laisse aussi un outil pour que les générations présentes et futures puissent poursuivre la voie ouverte il y a plus de 200 ans en faveur de l’unité et de l’intégration de Notre Amérique.

Le livre Fidel Castro et les États-Unis a été présenté à la dernière Foire internationale du livre à La Havane : 90 discours, allocutions et réflexions, et à cette occasion une compilation similaire de Raul Castro a également été présentée par la maison d’éditions Capitan San Luis. Quel est le rapport entre ces deux volumes ?

Les deux livres entretiennent une relation dialectique, car leurs auteurs, le commandant en chef Fidel Castro Ruz et le général d’armée Raul Castro Ruz, sont deux hommes qui partagent la même pensée et se complètent dans la théorie et la pratique révolutionnaires. Le livre Raul Castro y Nuestra América : 86 discursos, intervenciones y declaraciones est une sorte de deuxième volume de Fidel Castro y los Estados Unidos : 90 discursos, intervenciones y reflexiones.

Quel est l’héritage des deux leaders pour l’intégration de l’Amérique latine ?

Ils ont démontré pendant plus d’un demi-siècle de luttes intenses qu’il était possible d’intégrer tous les pays de la Grande Patrie dans une organisation aui soit uniquement de Notre Amérique sans présence extrarégionale. Fidel et Raul, ainsi que d’autres leaders révolutionnaires et progressistes du continent, ont contribué de manière décisive à la création de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (Celac).

Rappelons que pour y parvenir, ils ont dû s’unir préalablement pour vaincre le projet de domination que les États-Unis prétendaient implanter dans la région au début du XXIe siècle, à travers la Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA). Cette victoire a été décisive pour faire avancer l’intégration.

Pourrait-on penser aux progrès réalisés dans la région sans tenir compte du rôle de Cuba en tant que promoteur de « l’unité dans la diversité » ?

Les efforts ininterrompus déployés par Cuba depuis 60 ans en faveur de l’unité de ces pays, dans le respect du système politique, économique, social et culturel de chaque pays, sont reconnus dans la région. C’est pour la cohérence de ses principes que l’Île a accueilli le 2e Sommet de la Celac en 2014, au cours duquel les 33 pays membres ont déclaré « l’Amérique latine et les Caraïbes comme zone de paix ». Cet événement revêt une signification historique sans précédent et constitue le principal instrument dont disposent les pays pour faire face aux agressions et aux menaces constantes qui pèsent sur la paix, dans un monde où sonnent les tambours de la guerre.

Quel a été le rôle de la pensée de Raul, recueillie dans ce livre, dans ces processus ?

Le texte réunit des fragments de son œuvre révolutionnaire, depuis l’interview de presse qu’il donna en 1959 dans le cadre de la Rencontre des ministres des Affaires étrangères de l’Organisation des États américains (OEA), à Santiago du Chili, au discours qu’il prononça en 2017, au 5e Sommet de la Celac en République dominicaine. Le général d’armée se distingue comme un chef d’État très sensible aux problèmes sociaux de nos peuples. C’est un promoteur infatigable des processus d’intégration et un anti-impérialiste par excellence. Sa pensée révolutionnaire transcendera cette époque et constitue un guide nécessaire pour les jeunes de cette époque.

La Révolution cubaine a été un phare pour les mouvements de gauche non seulement dans la région, mais dans le monde entier. Comment les nouvelles générations de Cubains peuvent-elles ne pas laisser tomber cette bannière des causes justes au niveau international ?

Le meilleur moyen est de respecter consciemment chaque jour le concept de Révolution. C’est une tâche qui nous a été confiée par le commandant en chef de la Révolution cubaine. Préserver l’unité et mettre de côté tout ce qui peut nous diviser.

Il faut apprendre des erreurs et des échecs, pour ne pas se laisser confondre et diviser par les oligarchies. Il faut être optimiste et croire en l’amélioration humaine.

À mon avis, nous devons continuer à apporter notre solidarité aux pays du Tiers monde et à remplir nos engagements de coopération, sur la base du partage des modestes ressources dont nous disposons, et non de celles qui restent. Nous devons également préserver les acquis obtenus et poursuivre les politiques de développement et d’inclusion sociale, afin que la répartition des richesses soit plus équitable et que les inégalités soient réduites.

Les progrès de la droite au cours des dernières années sont-ils conjoncturels ou s’inscrivent-ils dans un changement de cycle ?

Il existe un débat sur le fait de savoir si nous sommes ou non en présence de la « fin de cycle » progressive en Amérique latine et la Caraïbe, qui rappelle la thèse néolibérale proclamée par la droite au début des années 1990 de « fin de l’histoire ». Je fais partie de ceux qui pensent que cela n’est pas encore fini, bien que les progrès de la droite dans la région soient évidents, je les considère comme conjoncturels. Leur but, c’est de revenir au néolibéralisme et de démoraliser les forces et les partis politiques, les mouvements sociaux et les classes ouvrières. Les processus politiques ne sont pas linéaires, ils sont en dynamique constante et connaissent des progrès, des stagnations et des revers. Ce qui a changé réellement ces dernières années, c’est le réveil de Notre Amérique.

Comment voyez-vous la politique de la nouvelle administration des États-Unis à l’égard de la région ?

On perçoit une intention manifeste de revenir aux politiques du passé qui ont échoué. Le nouveau gouvernement étasunien se projette avec mépris et sous-estimation vers la région la plus proche géographiquement de son territoire. Ils nous traitent de nouveau comme leur « arrière-cour » et comme des criminels ordinaires. C’est la réalité, même s’ils essaient de limiter les dégâts lors de leurs visites en Amérique latine et dans les Caraïbes. Il est clair qu’à l’approche du 8e Sommet des Amériques à Lima, au Pérou, ils doivent préparer le terrain pour réaliser leurs intérêts géopolitiques

Ils sont obsédés par Cuba et le Venezuela. Il n’est pas un document ou un discours dans lequel, lorsqu’ils font référence à la région, ils n’attaquent impitoyablement les deux pays. Par ailleurs, ils continuent de renforcer les mesures de blocus économique, commercial et financier pour tenter d’imposer un « changement de régime ».

Estimez-vous que la figure de Donald Trump, avec sa haine des migrants et ses injures envers les pays d’Amérique latine, puisse être un facteur de cohésion pour les pays de la région ?

Il contribue certainement à la cohésion de la région. Ces positions ont provoqué un rejet généralisé, qui est devenu automatiquement un facteur essentiel de dénonciation et d’unité. Trump s’obstine à mettre en œuvre une politique anti-immigrants et à la poursuite de la construction du mur à sa frontière avec le Mexique, et les rend responsables de certains des graves problèmes sociaux auxquels les États-Unis sont confrontés à l’intérieur du pays. La réalité est que le mur est l’expression symbolique d’une idéologie xénophobe et ultra-nationaliste envers les pays au sud du Rio Bravo.

Beaucoup de questions restent en suspens dans l’histoire de l’Amérique latine, et nous vivons à une époque où nous avons besoin de solutions. Quelles réponses le lecteur peut-il trouver dans ses deux derniers livres ?

C’est précisément l’un des principaux objectifs que je me suis proposé dans ces deux ouvrages, en raison de la validité de leurs propos. J’avoue que les années que j’ai passées à réviser et analyser chaque texte pour faire mes choix (1 546 de Fidel et 1 468 de Raul), ont été le meilleur cours que je n’ai jamais reçu. C’est une source inépuisable de connaissances sur une série de sujets politiques, économiques, sociaux, culturels et scientifiques qui vous encouragent constamment à la réflexion, à mieux comprendre notre histoire et à connaître la profondeur de la pensée révolutionnaire.

Je recommande la lecture du prologue du livre, que le maestro et ami Eusebio Leal Spengler a écrit avec beaucoup d’affection, un véritable bijou de l’historiographie latino-américaine et caribéenne. En outre, la 27e Foire internationale du livre de La Havane est dédiée à l’Historien de la ville, qui a gagné l’affection et l’admiration de notre peuple pour sa fidélité et ses contributions à la culture de la nation cubaine.

J’invite les lecteurs à continuer d’étudier, de débattre sur l’œuvre prolifique de Fidel et de Raul, deux grands hommes à la stature universelle, qui ont porté la Patrie et les idées de José Marti au niveau le plus élevé, convaincus qu’ « un principe juste, depuis le fond d’une grotte, peut davantage qu’une armée »

(Granma)

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