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La guerre économique et l’approbation du blocus économique, commercial et financier contre Cuba. Les dix premières années…

cuba bloqueoLES dirigeants des États-Unis ont une longue expérience en la matière. En 1917, à la veille de la Première guerre mondiale, ce pays promulgua son principal document de guerre économique connu comme la « Loi sur le commerce avec l’ennemi », qui lui permit de s’appuyer sur une doctrine rénovée qui comportait toute une série d’astuces financières, d’entraves à l’accès de leurs adversaires aux institutions bancaires et de crédit, le gel de fonds, d’interdictions de commerce avec le pays bloqué, ainsi que l’achat de produits à des pays tiers élaborés avec des matières premières étasuniennes, la limitation des ventes pour éviter la réexportation vers des pays étant sous le coup de sanctions, la confection de listes noires des bateaux et leur équipage et autres mesures de coercition.

Cette politique fut accompagnée d’actes de sabotages et de terreur, d’actions clandestines contre des industries, des usines et 28 autres installations sensibles du pays agressés. La mort de civils allait rehausser d’un cran la sauvagerie de cette guerre économique.

Aujourd’hui, le blocus mis en place le 3 février 1962 contre Cuba est toujours en place, ce qui en fait le plus long de l’époque contemporaine. Toutes les mesures émanant de cette politique génocidaire ont été progressivement appliquées à partir de 1959, dès le triomphe même de la Révolution.

Cette politique fut agrémentée de la non-restitution de l’argent volé par les sbires, les tortionnaires, les assassins et les escrocs de la dictature de Fulgencio Batista qui trouvèrent refuge en Floride, la suppression du quota sucrier attribué à Cuba sur le marché des États-Unis, sous prétexte de l’exécution des criminels de guerre, le refus de crédits à la banque cubaine pour l’empêcher de stabiliser ses finances internes au milieu de la situation complexe héritée de la tyrannie.

Les agressions économiques les plus violentes contre notre pays furent adoptées à la suite de l’adoption de la Loi de Réforme agraire, en mai 1959, et furent suivies d’opérations politiques, le tout dans le cadre d’un vaste projet subversif visant à renverser la Révolution. Cette stratégie de guerre économique et de subversion politique se poursuit jusqu’à nos jours.

Les documents déclassifiés du Département d’État sont des sources venant jeter un peu plus de lumière dans la compréhension des visées nord-américaines. Dans un document daté du 6 avril 1960, on peut lire: « Tout moyen pour affaiblir la vie économique de Cuba doit être utilisé rapidement. » Dans ce document exposé au grand jour en 1991, soit 30 ans plus tard, le sous-secrétaire d’État Lester D. Mallory signalait : « Le seul moyen prévisible de réduire le soutien interne passe par le désenchantement et le découragement basés sur l’insatisfaction et les difficultés économiques. » Et d’ajouter : « […] refuser de faire crédit et d’approvisionner Cuba pour diminuer les salaires réels et monétaires dans le but de provoquer la faim, le désespoir et le renversement du gouvernement. »

Ce n’est pas un paradoxe si, procédant à une évaluation du dénommé « Programme d’actions secrètes contre Fidel Castro », les mesures de pression économique devant l’accompagner furent les aspects les plus débattus. Ce projet donna naissance au « Programme de pressions économiques contre le régime de Castro », approuvé en juin de cette même année 1960.

Ces plans interventionnistes entraînèrent la suppression des exportations de pétrole étasunien à Cuba, la fin du commerce bilatéral, le retrait des grands investissements, l’interdiction du tourisme des Étasuniens à Cuba, l’interdiction des exportations à Cuba (octobre 1960), des mesures considérées comme un pas décisif vers le blocus, ainsi que des manœuvres d’isolement international par le biais de l’Organisation des États américains (OEA).

Le programme économique d’Eisenhower comportait un vaste schéma de subversion politique et idéologique qui instaura à Cuba une opposition contre-révolutionnaire interne, la mise en œuvre de nouveaux mécanismes de propagande psychologique depuis l’étranger, la formation et l’entraînement d’une puissante armée mercenaire, ainsi que l’instauration d’un climat de terreur à l’intérieur du pays.

Entre septembre 1960 et avril 1961, la CIA introduisit clandestinement par mer et par air 75 tonnes d’explosifs et d’armement qui furent utilisés dans 110 actions de sabotage et actes terroristes contre des objectifs économiques et sociaux pour semer la panique et le chaos.

Les documents auxquels il est fait référence plus haut furent déclassifiés de longues années plus tard et s’inscrivaient dans le cadre du programme paramilitaire de la CIA préalablement à l’invasion mercenaire par la Baie des Cochons.

Quelques jours seulement après la victoire de Playa Giron, le 27 avril 1961 le nouvellement créé Centre d’opérations du Département d’État proposa au président John F. Kennedy de « lancer la plus complète et précise activité de renseignement sur les attitudes du peuple cubain vis-à-vis de Castro. Ce travail de renseignement est essentiel pour décider du cours des opérations ». Selon ce nouveau plan contre Cuba, si les résultats indiquaient que la majorité du peuple appuyait la Révolution, il fallait « changer la vision du plus grand nombre de Cubains » à travers des « méthodes modérées telles que la quarantaine et autres efforts ». La « quarantaine » impliquait l’imposition d’un blocus économique, qui deviendra effectif dix mois plus tard. Le terme « autres efforts » cachait le début d’une vague de sabotages particulièrement importants contre l’économie, approuvés secrètement par le gouvernement préalablement au lancement de l’Opération Mangouste à la fin de 1961.

Selon ces documents, cette opération prévoyait 32 missions, dont 13 étaient des mesures de guerre économique. Le texte exposait clairement la volonté politique de renchérir et d’entraver le transport maritime à destination de Cuba, et comportait la destruction des récoltes sucrières cubaines, l’interdiction des ventes de nickel et autres produits stratégiques et des actions de sabotage contre d’importants objectifs économiques dans l’ensemble du pays.

Selon des documents cubains, pendant la durée officielle de l’Opération Mangouste, c’est-à-dire pendant environ

14 mois, 5 780 actions terroristes furent perpétrées contre notre pays, dont 716 sabotages importants contre des objectifs économiques. La tâche No 11 déboucha sur le blocus économique et financier, approuvé par le président John Kennedy en 1962, qui instaura pour l’avenir une structure de guerre économique codifiée dans les lois des États-Unis et qui est toujours exercé contre Cuba.

En 1963, le Département du Trésor des États-Unis décréta les dispositions pour le « contrôle des avoirs cubains », dont le gel des comptes bancaires cubains dans ce pays, l’interdiction des transactions financières et commerciales non autorisées avec l’Île, ainsi que des exportations et des importations depuis Cuba. Les entrées en devises de l’Île furent réduites à travers un plan visant à déprimer artificiellement les cours du sucre sur le marché mondial.

Le 14 mai 1964, Washington interdit les ventes d’aliments et de médicaments, une mesure qui eut des répercussions directes sur la population. Par ailleurs, l’administration étasunienne encouragea un vaste plan de sabotages contre des navires cubains et intensifia les pressions sur les lignes commerciales de ses alliés du monde entier pour les empêcher d’accoster dans les ports cubains.

Parallèlement, on assista à une recrudescence des actions d’espionnage interne.

Des milliers de médecins, de professionnels et de techniciens quittèrent le pays du fait de la campagne de propagande orchestrée par les États-Unis pour encourager la fuite de cerveaux et étrangler l’économie du pays.

Rien qu’entre 1961 et 1962, plus de

130 000 citoyens cubains émigrèrent vers ce pays, pour la plupart des professionnels, des médecins et des instituteurs.

À cette époque, l’Opération Mangouste connaissait sa pleine apogée et envisageait, avec le soutien d’organisations contre-révolutionnaires internes, un soulèvement prévu le 30 août 1962 qui fut avorté par les services de renseignement cubains avec l’appui du peuple.

La guerre économique qui nous fut imposée durant cette décennie se répercuta avec une intensité accrue sur la qualité de vie et les conditions matérielles de la population, provoquant un exode vers les États-Unis pour des raisons notamment économiques. Elle obligea notre pays à consentir d’énormes sacrifices pour préserver les principales conquêtes et faire face aux défis de la transformation de son économie dans des conjonctures difficiles et complexes, sous le harcèlement constant du terrorisme et de la subversion.

(Granma)

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