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La situation de l’emploi à Cuba un mois après le lancement de la Tâche de réorganisation économique

Cuba trabajo -tabacaleraLes histoires que l’on entend dans le hall d’entrée, qui manque d’espace aujourd’hui au vu du nombre de personnes qui arrivent à toute heure, sont très différentes : le jeune homme qui refusait de poursuivre ses études, la mère de jeunes enfants qui cherche un revenu stable pour faire vivre sa famille, un autre qui veut contribuer à améliorer l’économie domestique maintenant que les subventions ont été supprimées… On peut entendre cela et bien d’autres choses ces jours-ci dans une Direction municipale du travail.

Depuis le début de la Tâche de réorganisation dans le pays, le nombre de personnes qui viennent dans ces bureaux à la recherche d’un emploi a augmenté. « On observe une tendance à l’incorporation à l’emploi de jeunes de moins de 35 ans de l’ordre de 34%, et sur le nombre total de personnes qui acceptent un emploi, les femmes représentent 38% », a déclaré à Granma Enit Martinez Gonzalez, directrice du Service informatique du ministère du Travail et de la Sécurité sociale (MTSS).

« À ce jour, 81 054 personnes ont fait appel à nos services, et 50 % d’entre elles ont accepté les offres. Parmi les postes proposés, 65% se trouvent dans le secteur étatique, avec un nombre plus important dans le système des entreprises », précise la jeune spécialiste.

Interrogé sur les autres secteurs proposant des emplois, Martinez Gonzalez a déclaré que le secteur non étatique représente 35 %. Plus de 2 000 personnes ont accepté un emploi dans des coopératives agricoles, ce qui représente 17 % des postes pourvus dans le secteur non étatique.

Autre chiffre important : l’application mise au point par le Service informatique du MTSS – des jeunes souhaitant contribuer à l’amélioration des services fournis à la population – a déjà été téléchargée 74 872 fois depuis le 28 janvier, date à laquelle elle a été mise à la disposition des usagers.

« Le ministère du Travail a assuré le suivi de ces offres afin qu’elles soient le plus à jour possible et qu’elles proposent un service plus efficace à la population », a souligné la directrice du Service informatique.

INTÉRÊT CROISSANT POUR L’EMPLOI À PINAR DEL RIO

Jamais auparavant, la salle de l’atelier d’époulardage Niñita Valdés n’avait été aussi pleine. Sur les 130 places proposées pour l’écôtage des feuilles de tabac destiné à l’exportation, une centaine a été pourvue, notamment par des travailleurs qui ne se présentaient pas tous les jours au travail.

« Auparavant, certains demandaient des certificats de maladie, d’autres partaient en congé, si bien que nous avions toujours beaucoup de places vacantes », déclare Yaquelin Morejon, l’administratrice.

Aussi, a-t-elle assuré, l’intérêt pour l’emploi soulevé par la Tâche de réorganisation durant les premières semaines de sa mise en œuvre a été très positif pour le centre.

« L’impact est énorme. Vous imaginez ! Nous avions beaucoup de difficultés à intégrer les gens à la production, et aujourd’hui nous sommes au maximum de nos capacités », a-t-elle déclaré.

Parmi ceux qui ont rejoint le collectif de l’atelier de Pinar del Rio figure Ana Lidia Ricardo, une jeune diplômée en comptabilité, qui, jusqu’à présent, avait préféré rester chez elle, en raison des bas salaires.

« J’avais déjà travaillé auparavant, mais je suis partie parce qu’ils payaient très peu et que ce n’était pas suffisant pour quoi que ce soit », a-t-elle avoué.

Comme elle, plus de 900 personnes ont obtenu un emploi au cours du mois dernier, dans les unités de sélection et d’écotage de Pinar del Río.

Victor Fidel Hernandez Perez, délégué provincial de l’Agriculture, a expliqué que cet apport de main-d’œuvre est très précieux pour la culture du tabac, une activité qui apporte des quantités importantes de devises à l’économie du pays.

Le manque de main d’œuvre a longtemps été un problème qui retardait le traitement des feuilles, et entraînait des dépenses excessives pour leur conservation et avait des effets sur la qualité.

La saison dernière, par exemple, environ 8 000 tonnes (plus d’un tiers de la récolte) sont restées en attente de traitement, à Vueltabajo, a-t-il dit.

Il s’agit d’une réalité qui se répète chaque année, et qui oblige à faire appel à la mobilisation de personnes d’autres secteurs, pour aider au traitement du tabac par des journées de travail bénévole.

C’est pourquoi, le fait que des centaines d’habitants de Pinar del Rio se soient joints à ces travaux ces dernières semaines, crée une situation très favorable.

La demande a augmenté de manière si brusque que nous avons manqué de bancs (sorte de table de travail pour classer les feuilles), et il a fallu entreprendre, rapidement, la construction de nouveaux postes, a déclaré le délégué de l’Agriculture.

Même si c’est le secteur qui a accueilli le plus d’employés à Pinar del Rio, il n’est pas le seul à en avoir reçu ces dernières semaines, à la suite de la mise en œuvre de la Tâche de réorganisation.

Jorge Luis Salas Rosette, coordinateur des programmes et des objectifs de l’Économie au sein du gouvernement provincial, a expliqué que 5 393 personnes ont postulé pour un emploi au cours du dernier mois, dont 2 997 ont accepté la place qui leur a été proposée.

Ce chiffre, a-t-il dit, est plusieurs fois supérieur à celui enregistré normalement pour une année entière, et comprend un nombre important de jeunes (1 339) et de femmes (1 228).

« Ce niveau de demandes est totalement hors du commun », a-t-il déclaré. « Il y avait toujours des personnes à la recherche d’un emploi, mais pas en si grand nombre, et en si peu de temps. »

UNE RÉALITÉ COMMUNE

Dans le reste du pays, le panorama est similaire. Oscar Sanamé Véliz, directeur du Travail et de la Sécurité sociale à Camagüey, chef-lieu de la province, a déclaré que depuis le 1er janvier, le nombre de personnes à la recherche d’un emploi a augmenté. De 10 à 15 personnes par jour reçues dans les années précédentes, ce nombre dépasse aujourd’hui les 40, a-t-il dit.

Pour accélérer les formalités, des bureaux ont été ouverts dans les 19 conseils populaires de la localité, dont la mission est de prendre en charge les personnes déclarées en état de vulnérabilité sociale en raison de l’absence ou d’une insuffisance de revenus, et de ceux qui viennent à la recherche d’un emploi.

Selon le fonctionnaire, 1 896 personnes (63 % du total de la province) étaient en recherche d’emploi et, parmi elles, 1 557 ont obtenu un poste, soit dans des entreprises et des unités budgétisées, soit dans le secteur non étatique de l’économie.

« Les autres ont refusé l’emploi proposé, entre autres raisons, parce qu’il ne leur plaisait pas ou qu’ils ont décidé d’attendre une autre proposition plus conforme à leurs attentes personnelles », a-t-il dit.

Le plus grand nombre de postes occupés se trouve dans des unités de l’agriculture, de la construction et de la santé publique, en plus des agences de sécurité et de protection.

Les principaux programmes d’investissement réalisés dans la province, tels que la cimenterie 26 de Julio à Nuevitas et le développement touristique de Cayo Cruz, au nord de la municipalité d’Esmeralda, ont également bénéficié d’un apport de main-d’œuvre qualifiée.

DES PRÉVISIONS CORRECTES

Lors de la dernière session de l’Assemblée nationale du Pouvoir populaire, le vice-premier ministre et ministre de l’Économie et de la Planification, Alejandro Gil Fernandez, avait annoncé qu’avec la Tâche de réorganisation, deux facteurs se conjugueraient pour générer une motivation supplémentaire pour le travail : l’augmentation des salaires et la suppression des subventions et des gratuités excessives.

Ces deux facteurs, avait-il dit, obligeraient de nombreux chômeurs à chercher une véritable source de revenus pour pouvoir faire face à leurs dépenses. Quelques semaines après le « jour zéro », début de la Tâche de réorganisation, la vie a confirmé ses paroles.

Le président de la République, Miguel Diaz-Canel Bermudez, a récemment déclaré, lors d’une série de tournées dans le pays : « les gens se rendent compte qu’il faut travailler pour avoir un revenu et pouvoir mener une vie décente avec leur famille ».

Face à cette réalité, il a recommandé de stimuler l’emploi dans les secteurs de la production et des services, en particulier dans les entreprises liées aux axes stratégiques du développement économique et social.

En même temps, il a insisté sur la nécessité de donner une réponse efficace et de d’éviter que quelqu’un qui vient chercher un emploi ne le trouve pas. C’est précisément l’un des défis auxquels sont confrontés les responsables de la Réorganisation aujourd’hui.

À l’heure actuelle, les administrations responsables de la réorganisation sont confrontées au défi de pouvoir retenir ceux qui se sont présentés, et d’empêcher que le manque d’incitations n’annule ce qui a été jusqu’à présent l’un des principaux succès du processus.

(Source: Granma)

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