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Los Van Van et Marti : Dicha grande

Van Van discvoEn 2014, la Société culturelle José Marti et l’Egrem ont sorti un CD/DVD qui, avec toute intentionnalité et un travail musical exquis, allait marquer une nouvelle direction en matière de recontextualisation de la pensée de José Marti à l’heure actuelle.

Sur une idée, la coordination et le concept musical d’Israel Rojas, le nouveau projet avait comme prémisse d’aller à la rencontre de José Marti, non pas à partir de la musicalisation en soi, mais avec pour seule exigence – pour le définir ainsi – ou fil conducteur thématique, de s’inspirer d’une phrase, d’un mot ou d’un leitmotiv de l’une des œuvres ou pensées du Héros national. C’est ainsi qu’est né le CD Motivos Martianos, où la variété musicale et stylistique réalisée par Israël Rojas [du groupe Buena Fe] et d’autres professionnels, a constitué de toute évidence une nouveauté palpable.

Le CD est composé de 13 titres, dans lesquels on découvre un panorama sonore varié qui, pour beaucoup, est encore inconnu, alors que le DVD ne comprend malheureusement que cinq titres de l’album. De ce fait, la promotion n’a pu être faite que pour une partie, avec pour protagoniste principal sans aucun doute le titre Me dicen Cuba, une chanson d’Alexander Abreu et Habana D’Primera, dont le vidéoclip a été réalisé par Pablo Massip, auteur de plusieurs autres dans le cadre de ce projet.

Néanmoins, pour des raisons d’équilibre musical, l’album comporte également d’autres titres importants qui méritaient – et méritent – une meilleure diffusion, au-delà d’un clip vidéo, ce qui n’enlève rien à l’importance du projet ou d’un thème spécifique, un facteur dont il faut tenir compter pour une communion harmonieuse de tant d’efforts et de talents réunis. Parmi ces joyaux que l’on trouve également dans Motivos martianos, et qui restent encore cachés, se trouve la chanson Dicha grande, composée par Juan Formell et Israel Rojas, interprétée par Los Van Van, inspirée d’un texte écrit par Marti lors de son débarquement à Cuba à la Playita de Cajobabo : « Nous sommes arrivés à une plage de galets, la petite plage au pied du Cajobabo, je suis le dernier sur la barque et je la vider. Je saute. Immense joie ».

Les mystères et les caprices de l’histoire font que nous trouverons peut-être la seule référence directe de Formell à une citation de Marti, dans une chanson dédiée précisément au Maestro. Avec insistance, ou peut-être en guise de déclaration publique et d’engagement de son admiration pour Marti, c’est Formell qui interprète cette chanson pour assumer, avec sa grandeur et son talent, le défi historique de nous laisser sa voix dans le – peut-être dernier – enregistrement et collaboration discographique, car malheureusement il est décédé en mai 2014, l’année de la naissance de cet album.

Dans Dicha grande, Marti est réinterprété grâce à un beau texte qui commence ainsi : « J’ai devant moi ma terre, mes gens, mon enfance, ma vérité, mes douleurs, mes racines, ma raison, mon essence : Cuba toute entière de mes amours. » Le texte se poursuit avec la complicité du langage musical propre à l’orchestre, sans renoncer à la cadence bien connue des Van Van, avec un arrangement de Formell, qui a également invité le guitariste Dairon Lobaina, de Buena Fe (malheureusement décédé peu après). La sonorité qu’il obtient est très agréable pour Juan, qui avait déjà eu la même expérience avec Elmer Ferrer dans plusieurs collaborations précédentes avec l’orchestre.

Il serait bon de revisiter et de rendre plus visible l’album, et de divulguer les autres chansons qu’il contient, en particulier celle des Van Van, héritage si précieux d’un grand de la musique comme Juan Formell envers José Marti et, peut-être serait-il utile d’accompagner la chanson d’un videoclip, comme un hommage sincère et de profonde actualité humaine et musicale.

(Source: Granma)

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