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L’IPK, un « QG » contre la Covid-19

IPKAvec pour mission essentielle le contrôle, la prévention et le traitement des maladies infectieuses qui touchent la population cubaine, l’Institut de médecine tropicale Pedro Kouri (IPK) fait aujourd’hui figure de « quartier général » du système de santé cubain, pour la mise en oeuvre de stratégies de prévention et de formation face à la menace mondiale du nouveau coronavirus sars Cov-2.

Le Laboratoire national de référence de cette institution de prestige international a été l’un des trois services chargés de la confirmation de cas positifs sur l’Île de Covid-19, la maladie résultant de ce dangereux virus.

Selon le Dr Manuel Romero Placeres, directeur de l’IPK, qui abrite les centre nationaux de référence pour les maladies virales, bactériennes, parasitaires et mycologiques, y compris le VIH/SIDA, les principaux symptômes de cette maladie sont la fièvre, la toux, l’écoulement nasal, le mal de gorge et un malaise général, similaire à d’autres types de grippe courants, et il a précisé que la population âgée est la plus susceptible de développer des formes sévères.

Pour sa part, le docteur Eric Martínez Torres, spécialiste en pédiatrie du centre ayant une grande expérience de ce type de maladie, a déclaré qu’en général, les enfants sont le groupe d’âge présentant moins de risques d’aggravation parmi les personnes infectées.

« Cette particularité, qui reste encore à étudier, s’est manifestée à la fois avec l’actuel Covid-19, et les épidémies de coronavirus qui ont frappé la planète auparavant », a-t-il indiqué.

Il a signalé que des dizaines de lits ont déjà été installés pour accueillir des patients infectés, dont certains sont spécialement destinés aux femmes enceintes et aux enfants.

« Nous avons procédé à la formation graduelle du personnel, tant à l’institut que dans les autres centres cubains engagés dans la lutte contre la Covid », a-t-il souligné.

Le Dr Romero Placeres a également expliqué que la procédure avec les personnes qui présentent des symptômes associés au Covid-19, en provenance des ports, aéroports, marinas et hôpitaux du pays, consistera en leur transfert vers des centres d’isolement prévus par le système de santé dans les différentes provinces du pays. Les cas seront ensuite référés aux hôpitaux de référence de chaque région.

Il a précisé que l’IPK accueille les personnes qui présentent la maladie, et qu’à l’heure actuelle il accueille des patients placés sous surveillance.

À cet égard, il a souligné que les personnels des laboratoires du Centre provincial d’hygiène, d’épidémiologie et de microbiologie de Villa Clara et de Santiago de Cuba ont été formés à cet effet.

Ces deux provinces, a-t-il indiqué, réceptionnent les échantillons des régions du centre et de l’ouest du pays, tandis que l’IPK est chargé de l’est de l’Île, en plus de la référence des autres. « Les laboratoires sont équipés et disposent des moyens nécessaires pour diagnostiquer la maladie, des moyens qui ont été fournis par le ministère de la Santé publique (Minsap) et l’Organisation panaméricaine de la santé. »

Concernant la manipulation des échantillons, constitués d’un exsudat nasal et pharyngé, le médecin a précisé qu’ils sont transportés conformément aux protocoles de biosécurité établis, avec la protection d’un triple emballage, pour éviter les accidents entre le personnel chargé de leur manipulation.

En fonction de la source, les échantillons sont prélevés uniquement sur les personnes suspectes répondant à des critères cliniques et épidémiologiques, c’est-à-dire sur les personnes en provenance de pays touchés par le virus et qui présentent des symptômes associés à la maladie, et sur les personnes ayant eu des contacts avec ces voyageurs.

Le directeur de l’IPK a ajouté que les échantillons sont prélevés entre le premier et le septième jour après l’apparition des symptômes, la période entre le troisième et le cinquième jour étant plus efficace. En outre, il a signalé que, jusqu’à présent, les médicaments utilisés sont les antirétroviraux et l’Oseltamivir, également employé contre la grippe.

À propos de la formation proposée par l’IPK, José Luis Aparicio Suarez, responsable du Département des études supérieures du Minsap, a précisé qu’il s’agit d’un « processus continu et échelonné, qui s’adresse à des groupes spécifiques, en fonction de leur profession ou de leur occupation. Les cours que nous dispensons s’adressent à ceux qui peuvent utiliser ces connaissances, ce qui inclut les directeurs des principales institutions médicales du pays, les épidémiologistes, les urgentistes pédiatriques et adultes, et les professionnels d’autres spécialités ».

Le spécialiste a expliqué que les professionnels qui sont formés agissent en tant que facilitateurs de ces savoirs au niveau des territoires, afin que les informations et les protocoles à suivre soient transmis non seulement au personnel du système de santé cubain, mais aussi à la population en général.

À ce propos, la Dr Guadalupe Guzmán, responsable du Centre de recherche, de diagnostic et de référence de l’IPK, a fait observer que des milliers de travailleurs du système national de santé, ainsi que des personnels d’autres secteurs ont reçu une formation sur le coronavirus, qui sert de support à la mise en œuvre du plan national de lutte contre la Covid-19.

Dans cet effort, nous avons recours au réseau des universités de sciences médicales du pays et nos actions sont élargies jusqu’à toucher les cabinets des médecins de famille, une unité de base de notre système de santé. De même, les organisations sociales et de masse sont appelées à organiser des réunions d’information sur la santé et à animer des discussions éducatives sur les lieux de travail et au niveau des quartiers.

Le principal objectif est de générer, chez chaque citoyen, une culture sanitaire et épidémiologique en rapport avec l’ampleur du danger que représente la Covid-19.

En contexte

→ L’Institut de médecine tropicale Pedro Kouri (ipk) fut fondé le 8 décembre 1937 par le professeur Pedro Kourí Esmeja, un éminent parasitologue cubain, avec des objectifs liés essentiellement à la recherche dans les domaines de la parasitologie et de la médecine tropicale. Cette institution est rattachée à la Faculté de médecine de l’Université de La Havane L’actuel hôpital Calixto Garcia fut son premier siège.

→ D’importantes recherches menées dans cette institution lui ont permis de se tailler une place de choix à l’échelle internationale dans cette spécialité, comme celles relatives aux découvertes sur la biologie de l’agent causal de la grande douve du foie ou Fasciola hepatica, son action pathogène, le diagnostic, la prophylaxie et l’épidémiologie.

→ Compte tenu de la présence croissante d’internationalistes cubains dans différentes régions du monde, les plus hautes autorités du pays ont confié en 1979 au Dr Gustavo Kouri Flores (fils de Pedro Kouri) la mission de promouvoir le développement de ce centre qui allait prendre le nom d’Institut de médecine tropicale Pedro Kouri.

→ L’institution allait subir son premier test majeur en faisant face à l’urgence sanitaire nationale posée par l’épidémie de dengue hémorragique de 1981, qui causa 158 décès, dont 101 d’enfants. Ses chercheurs ont eu le mérite de réussir à isoler en peu de temps le virus à l’origine de cette grave maladie (dengue de sérotype 2), qui n’avait jamais circulé auparavant dans notre région.

→ L’IPK détient le statut de Centre collaborateur de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l’étude de la dengue et de son vecteur. C’est également un centre collaborateur de l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS)/OMS pour l’éradication de la tuberculose.

→ Il a joué un rôle essentiel dans le diagnostic, la prévention, le contrôle et le traitement de diverses maladies et épidémies survenues à Cuba, comme l’apparition du vih/sida dans la seconde moitié des années 80 (il a été distingué comme Centre national de référence pour le diagnostic et le traitement des principales complications), conjonctivite hémorragique, paludisme, neuropathie, encéphalite virale, leptospirose, grippe h1n1 (2009), choléra (2012) et autres types de dengue enregistrés au cours des deux dernières décennies. À l’IPK, les brigades de santé cubaines ont reçu une formation intensive pour aider à la lutte contre la grave épidémie d’Ébola en Sierra Leone, au Liberia et en Guinée (2014).

→ Le 29 octobre 1993, les nouveaux bâtiments actuels furent inaugurés par le commandant en chef Fidel Castro Ruz, qui déclara : « Je vous demande de ne pas considérer l’Institut Pedro Kouri, que nous inaugurons aujourd’hui, uniquement comme une institution cubaine, mais comme une institution au service de l’humanité ».

(Source:Granma)

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