Actualité »

« Ukrainegate » : secousses et soubresauts du procès contre Trump

CERTAINS médias internationaux affirment que la dénonciation de la conspiration de Donald Trump par l’intermédiaire de l’Ukraine est venue de la CIA, et que six semaines ont suffi à la « gorge profonde » pour fournir les arguments et les informations qui ont mis le président face à l’abîme de l’impeachment (destitution).

CERTAINS médias internationaux affirment que la dénonciation de la conspiration de Donald Trump par l’intermédiaire de l’Ukraine est venue de la CIA, et que six semaines ont suffi à la « gorge profonde » pour fournir les arguments et les informations qui ont mis le président face à l’abîme de l’impeachment (destitution).

presidentes eeuuLa CNN a identifié comme « un employé anonyme du gouvernement ayant accès à des fonctionnaires de la Maison-Blanche », celui qui a déclenché le scandale en déposant une plainte officielle contre le président, alléguant que plusieurs fonctionnaires craignaient que Trump n’utilise sa charge publique pour obtenir des avantages politiques personnels d’une puissance étrangère, non seulement à travers sa conversation téléphonique du 25 juillet avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, mais aussi par l’intermédiaire d’émissaires, dont l’avocat de Trump, Rudy Giuliani, ainsi que, possiblement, le procureur général Bill Barr, qui est resté silencieux sur ce scandale, mais le magnat l’a mentionné à plusieurs reprises dans son entretien téléphonique.

La plainte fait également état d’une dissimulation d’informations de la part d’employés de la Maison-Blanche qui ont tenté d’enterrer la conversation en plaçant une transcription approximative dans un système informatique réservé aux documents hautement confidentiels.

Le scandale jette davantage de doutes sur le cabinet mafieux et l’art du complot du président et de ses conseillers, entourés d’anciens chefs de campagne, lobbyistes ou conseillers, corrompus et millionnaires, emprisonnés ou sous enquête.

Les doutes et les suspicions concernant les élections de 2016 sont ravivés et s’ajoutent au chantage sur le président ukrainien, qui s’est également montré complaisant et coopératif avec l’ « empereur », en quête d’une aide militaire de plusieurs millions, selon les spéculations des médias européens et étasuniens.

À Washington, les démissions et les règlements de comptes ont déjà commencé au sein de la clique de la Maison-Blanche, au Département d’État et dans la communauté du renseignement, qui se voit dans la tourmente.

Au sein du Parti républicain, la confiance et le soutien à l’exécutif, l’un des plus scandaleux et menteurs des 20 dernières années, commencent également à s’effriter.

Reste à savoir si la majorité républicaine au Sénat servira de bouée de sauvetage pour Trump, ou si la gravité du scandale atteindra les dimensions d’un irrépressible tsunami politique, lorsque l’exécutif arrive au procès avec une très faible cote de popularité (environ 43%), et que ses journées à la Maison-Blanche ont suscité moult interrogations en ce qui concerne sa gestion, nombre d’enquêtes judiciaires, des licenciements constants de hauts postes, d’offenses, de mauvais traitements, d’attaques dans les réseaux sociaux contre des membres du Congrès, des anciens présidents, le syndrome du complot et la méfiance interne au sein du cabinet de guerre lui-même.

Un éditorialiste du quotidien espagnol El País a rappelé que « le président a affirmé, contrairement à la vérité, que sa cote de popularité est très élevée et qu’une procédure de destitution est le seul moyen pour les démocrates de l’arrêter. La vérité est que tous les sondages le donnent perdant dans un éventuel affrontement contre Joe Biden, le favori des démocrates », qu’il a tenté d’espionner et d’attaquer.

PROTAGONISTES ET RÔLES SECONDAIRES DANS LE SCANDALE

Le « scandale ukrainien » ou « Ukrainegate » a déjà provoqué sa première démission, celle du diplomate Kurt Volker, l’émissaire du Département d’État pour l’Ukraine, impliqué dans cette affaire. Le nom de cet ancien ambassadeur des États-Unis figure dans la plainte de l’informateur anonyme contre Trump, qui assure qu’il s’est chargé de mettre en contact l’avocat personnel du président, Rudy Giuliani, et des représentants du gouvernement ukrainien.

Sur la sellette également Gordon Sondland, ambassadeur des États-Unis auprès de l’Union européenne, qui, dit-on, accompagnait Volker et T. Ulrich Brechbuh dans leurs démarches, conseiller au Département d’État, camarade de classe à West Point et partenaire commercial du Secrétaire d’État Mike Pompeo, mentionné dans la dénonciation comme la personne qui a écouté la conversation de Trump avec le dirigeant ukrainien. Le Département d’État a nié avoir connaissance de la conversation.

Par ailleurs, le directeur par intérim du Renseignement national, Joseph Maguire, a fait l’objet de vives critiques lors de ses comparutions devant le pouvoir législatif pour avoir transmis le rapport à l’Administration et non au Congrès. Quant à l’ultraconservateur et conspirateur Mike Pence, vice-président des États-Unis, qui a rencontré en Pologne le président ukrainien envoyé par Trump, il est également dans l’oeil du cyclone.

Les retombées du scandale qui éclaboussent de nombreux hauts responsables vont au-delà de la confrontation électorale ou des affaires internes des deux partis opposés. Une nouvelle révélation sur la nature conspirative du magnat de l’immobilier, de ses conseillers, de son entourage immédiat, des agences gouvernementales et des Départements qui se prêtent à des manœuvres non seulement contre d’autres pays, avec la complicité de dirigeants étrangers comme ceux de Colombie ou du Brésil, dans notre région, ou les autorités d’Israël contre le Moyen-Orient, mais contre les politiciens et citoyens des États-Unis eux-mêmes.

Une nouvelle preuve de l’échec et mat à la démocratie dans ce pays comme l’ont averti pendant des mois plusieurs chroniqueurs éminents, démasquant la conspiration de l’appareil gouvernemental visant à menacer ou punir leurs ennemis politiques internes, au nom des ambitions personnelles et des aspirations à la réélection des éléments néofascistes qui ont pris le pouvoir en otage.

Artisan du mensonge, les intrigues politico-diplomatiques, guerrières et mafieuses, entouré de faucons et de tortionnaires, de suprémacistes blancs et d’anti-immigrés, utilisant l’argent, le chantage, le désespoir et la souffrance comme armes, l’exaltation et la nervosité qui ne manqueront pas, peuvent conduire à des résultats complexes et à des écrans de fumée capables de détourner l’attention de l’opinion publique étasunienne et internationale vers d’autres cibles et questions, qui font déjà partie de l’arsenal de prétextes et de manipulations, et qui ont servi d’opération médiatique pour soutenir le président des États-Unis.

EN CONTEXTE : CE N’EST PAS LA PREMIÈRE FOIS POUR TRUMP

Ce n’est pas la première fois que le président étasunien fait l’objet d’enquêtes sur ses actions au sein de la Maison-Blanche. L’année dernière, il a fait l’objet d’une enquête du procureur spécial Robert Mueller pour la présumée ingérence russe dans les élections de 2016.

Toujours en 2018, l’ancien avocat personnel de Trump, Michael Cohen, a plaidé coupable d’avoir enfreint la loi sur le financement des campagnes électorales sous les instructions du magnat de l’immobilier. Toutefois, comme dans le cas du complot russe, aucune procédure de destitution n’a été engagée non plus.

QU’EST-CE QU’UN IMPEACHMENT ?

• L’anglicisme impeachment désigne la procédure, propre à certains systèmes politiques, permettant au pouvoir législatif de destituer un haut fonctionnaire.

• Le terme peut être traduit par « accusation », « destitution » ou « procès politique ».

• Une fois qu’un président ou un dirigeant est inculpé, le Parlement ou le Congrès doit approuver la procédure de jugement politique et ensuite se charger de juger l’accusé (généralement à la Chambre haute).

• Si une personne a fait l’objet d’une procédure de destitution, elle risque d’être condamnée par le vote de l’organe législatif, ce qui entraîne sa révocation et son exclusion de fonctions similaires.

• Le procès doit être engagé par la Chambre des représentants et il n’a besoin que d’une majorité simple pour être déclenché.

• À l’instar du modèle britannique, une fois que le Congrès a entamé le procès, c’est le Sénat qui est chargé du jugement. Les deux tiers des voix des sénateurs sont nécessaires pour aboutir à une condamnation de l’accusé.

• Cette procédure entraîne la destitution de l’accusé et l’interdiction d’exercer d’autres fonctions publiques.

• Les procédures de destitution peuvent également se faire au niveau de l’État, mais elles ont été assez rares.

• Selon la Constitution des États-Unis, le président, le vice-président et tous les fonctionnaires publics « sont démis de leurs fonctions sur accusation et condamnation pour trahison, corruption ou autres crimes et délits mineurs ».

PROCÉDURES D’IMPEACHMENT CONTRE UN PRÉSIDENT DES ÉTATS-UNIS

1868 : Andrew Johnson fut mis en accusation par la Chambre des représentants.

1974 : Richard Nixon interrompit la procédure en donnant sa démission.

1998-1999 : Bill Clinton est accusé de parjure devant un grand jury et d’obstruction à la justice. Il a été acquitté des charges retenues contre lui.

(Granma)

Envoyer le commentaire

Votre email n'est jamais publié. Les champs obligatoires sont marqués. *

*