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Une tornade sans précédent

TORNADOAPPARUE sur une ligne active de violentes tempêtes électriques préfrontales (formée au-devant d’un front froid), la forte tornade qui a causé des dégâts considérables dans des zones et des quartiers des municipalités de Diez de Octubre, Regla, San Miguel del Padron, Guanabacoa et une partie de la Havane de l’Est dans la nuit du 27 janvier, constitue, du fait de la gravité de ses impacts, de l’intensité importante du vent (il aurait dépassé 250 kilomètres/heure) et de la distance parcourue, un événement sans précédent dans la capitale, pour le moins, depuis 1950.

Comme l’a indiqué le Dr José Rubiera à Granma International, les évaluations faites par des spécialistes du Centre de prévision de l’Institut de météorologie suggèrent que le nuage en entonnoir (tuba ou vortex) – que dans notre jargon nous appelons « queue de nuage » ou « manche à vent » – , est entré en contact avec la terre dans la zone du quartier du Casino Deportivo vers 20h26, et est ressorti par la mer 16 minutes plus tard à l’est d’Alamar, après un parcours de 11,5 kilomètres en direction de l’Est-Nord-Est et du Nord-Est.

Selon la chronologie compilée par le professeur Luis Enrique Ramos Guadalupe, coordinateur de la Commission de l’histoire de la Société météorologique cubaine (Sometcuba), parmi les tornades enregistrées à La Havane au cours des périodes précédentes figurent celles du 6 juin 1929 à Arroyo Naranjo (les dégâts indiquent qu’elle était d’une grande intensité) ; du 19 juillet 1930 au Cerro, 2 juillet 1950, à San Miguel del Padron, et celle du 31 août 1961, principalement dans la zone qui est aujourd’hui la municipalité Plaza de la Revolucion, dont les effets ont été examinés dans l’édition du journal Revolucion, à la date du 1er septembre.

Au niveau national, la plus intense des tornades rapportées à ce jour a eu lieu le 26 décembre 1940 à Bejucal : elle causa 20 morts, plus d’une centaine de blessés et l’effondrement de nombreuses maisons et autres installations.

Elle s’étendit sur une largeur approximative de 400 mètres et atteignit la catégorie F4 sur l’échelle Fujita-Pearson, qui classe ces phénomènes en fonction de l’ampleur des dégâts observés, avec des vents estimés à 350 kilomètres/heure.

Signalons deux autres tornades F4 dans les villages de Pedroso, dans la province de Matanzas et Cruces, à Cienfuegos, qui se sont produites en mai 1999, à seulement 24 heures de différence. Un événement sans précédent dans l’histoire de ce phénomène dans l’archipel cubain.

La liste des cas marquants comprend également ceux de la municipalité de Colon, le 8 février 1978, de Rodas, le 24 octobre 1952, de Cienfuegos, le 14 août 1911 et, plus récemment, de Campechuela, dans la province de Granma, le 13 mai 2012, qui endommagea des dizaines de maisons.

PRÉCISIONS

La tornade est un violent tourbillon d’air et de vapeur d’eau, qui provenant d’un nuage orageux au grand développement vertical entre en contact avec la terre. Il prend l’apparence d’un immense entonnoir produit par la poussière, la terre et les divers objets soulevés et traînés par la forte intensité du vent.

À Cuba en particulier, elles ont en général une durée de vie moyenne comprise entre 10 et 15 minutes ; elles se déplacent rarement sur plus de trois kilomètres et leur largeur moyenne ne dépasse généralement pas 500 mètres.

Ce qui explique pourquoi les structures peu résistantes proches du bord extérieur de la trajectoire de la tornade restent presque intactes, alors que d’autres beaucoup plus solides directement touchées par la zone centrale sont complètement dévastées.

Leur pression atmosphérique est très basse et le rayon de rotation du vent extrêmement petit, ce qui signifie qu’ils peuvent atteindre des vitesses proches ou supérieures à 500 km/h dans des cas extrêmes, comme celui qui s’est produit en mai 1999 en Oklahoma, aux États-Unis.

Elles se forment lorsque les conditions atmosphériques sont très instables, comme l’existence d’un flux d’air très humide et chaud à la surface et la prédominance de températures très froides à entre cinq et six kilomètres d’altitude.

Elles sont associées à des lignes de tempête préfrontales, à des fronts froids modérés et forts durant la saison hivernale ou immergés dans la circulation des cyclones tropicaux.

Une série de tornades a été enregistrée récemment à Cuba, le 16 mars 1983, date à laquelle il y en a eu sept dans les secteurs de Pinar del Rio et de l’actuelle province d’Artemisa.

L’échelle de Fujita-Pearson les classe par ordre croissant selon leur intensité dans les catégories F0, F1, F2, F3, F4, F5 et F6. Ainsi, un F0 laisse de légers dégâts, alors qu’un F5 est totalement dévastateur.

En raison de leur développement rapide et de leur diamètre réduit, elles sont difficiles à prévoir, bien que la présence de certaines des conditions météorologiques mentionnées ci-dessus permette d’avertir sur l’existence de facteurs favorables à l’apparition de phénomènes météorologiques violents dans une zone déterminée, y compris les tornades.

CE QUE DIT LA MÉTÉOROLOGIE

Une ligne active de tempêtes formée au-devant d’un front froid, qui était associée à une dépression extratropicale dans le sud-est du Golfe du Mexique, a traversé les provinces de Pinar del Rio à Mayabeque et de La Havane aux premières heures de la nuit de dimanche et a produit sur son passage de fortes tempêtes locales, avec des rafales de plus de cent kilomètres/heure, de la grêle et une forte tornade qui a frappé plusieurs municipalités de la capitale.

À San Juan y Martinez, Pinar del Rio, les rafales maximales ont atteint jusqu’à 115 kilomètres/heure. À la station météorologique de Casa Blanca à La Havane, de fortes tempêtes électriques ont été enregistrées, avec des rafales de vent de 101 kilomètres à 104 kilomètres à l’heure, entre 20 et 22 heures, toutes deux du nord-ouest.

Sur son passage, la tornade a produit un vrombissement ressemblant au bruit d’un avion à réaction, causé par la friction du vent contre des objets et des obstacles sur son passage.

Le front froid qui est arrivé dans les premières heures de la nuit de dimanche à l’ouest de Cuba a produit des vents forts avec des rafales pouvant atteindre 90 kilomètres à l’heure à Casa Blanca du nord-est, qui ont provoqué de fortes houles sur toute la côte nord de l’ouest du pays et des inondations côtières ont été signalées dans certaines zones basses de la capitale, notamment le Malecon de La Havane, qui ont diminué dans la journée de lundi.

Source : Communiqué météorologique n° 1 du Centre de prévision de l’Institut météorologique.

AU SUJET DES TEMPÊTES LOCALES VIOLENTES

- Les tornades sont considérées comme un type de tempête locale forte, dont les effets sont très destructeurs.

- Même si la probabilité de survenue est très différente d’une région à l’autre du pays, aucun point de notre archipel ne peut être considéré comme sans risques d’impact.

- Cela est dû notamment à la conformation du territoire cubain, long et étroit, et à une répartition inégale entre les zones ouest et est, plus ou moins affectée par le facteur géographique appelé « effet de continentalité » (éloignement des côtes) et aux particularités géomorphologiques des deux régions.

- La fréquence la plus élevée de tempête locale forte est signalée de mars à septembre. De plus, des études plus récentes précisent que les plus puissantes et les plus destructrices se produisent de de mars à juin.

- La plupart se forment l’après-midi, entre 15h00 et 18h00, avec un maximum de survenue vers 16h00, et elles sont plus fréquentes dans les zones plates et éloignées des côtes.

QUE FAIRE FACE À UNE TEMPÊTE LOCALE ?

- Lorsque vous observez des nuages sombres, avec une activité électrique, et que vous remarquez que le vent augmente, la première chose à faire est de rechercher une installation résistante où vous serez en sécurité.

- Si vous êtes de façon irrémédiable à l’extérieur, vous n’avez pas d’autre choix que d’essayer de rechercher l’endroit le plus bas que vous puissiez trouver, et si ce n’est pas possible, vous devez vous mettre au sol en position fœtale et attendre que le temps s’améliore.

- Plus de 90% des TLS sont associés aux tempêtes électriques. C’est pourquoi, entre autres choses, il faut éviter d’utiliser un téléphone fixe ou de rester à l’extérieur, de se livrer à des activités productives, sportives et récréatives. Rester à l’extérieur peut s’avérer fatal.

Source : Entretien avec le master en sciences Jorge Proenza Velazquez, spécialiste du Centre météorologique de la province d’Holguin.

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