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La route du pétrole à Cuba

petroleoÀ une époque où le monde doit nécessairement miser sur l’énergie propre pour survivre, Cuba produit quotidiennement 45 000 barils de pétrole brut et trois millions de mètres cubes de gaz naturel, ce qui lui permet de couvrir près de la moitié de la demande énergétique nationale.

Le pays a la tâche difficile de développer de façon durable le secteur de l’énergie et d’assurer son autosuffisance en pétrole et dérivés, si bien que l’Union Cuba Petroleo (Cupet) s’efforce de maintenir la production annuelle aux environs de quatre millions de tonnes d’équivalent pétrole, qu’elle a atteinte au début des années 2000, les efforts visant aussi bien à élever ce résultat qu’à le maintenir.

Ouvrons une parenthèse pour préciser que le terme « équivalent » est un facteur d’équivalence, utilisé pour connaître les quantités de gaz et de pétrole nécessaires pour générer la même quantité d’électricité. Cuba produit chaque jour environ 75 000 barils d’équivalent pétrole, et, pour chaque baril de pétrole brut, entre 60 et 75 mètres cubes de gaz.

L’entreprise Cupet, constituée de 36 entreprises nationales et 5 mixtes, est chargée de l’exploration et de la production ; de l’importation et l’exportation des combustibles ; du raffinage du pétrole brut ; de la production des graisses et des huiles de lubrification, et de la commercialisation en gros des carburants et des lubrifiants, ainsi que du combustible détail à usage ménager.

À noter, que Cupet mène toutes ces activités sans perdre de vue la situation du pétrole sur le marché mondial.

UN PANORAMA INTERNATIONAL COMPLEXE

La récession en 2015, qui a conduit à la baisse du prix du pétrole, a affaibli une partie importante de l’économie mondiale et freiné les investissements dans ce secteur.

À Cuba, l’année 2016 est marquée par une demande en énergie en progression : la multiplication des affaires privées, l’intérêt accru des investisseurs étrangers et les progrès de l’industrie du tourisme – très coûteuse – sont des facteurs qui influent directement sur cette demande et exigent de maintenir l’efficience dans l’exploitation et l’utilisation des ressources, qui jusqu’à présent dépasse les 98%, selon Roberto Suarez Sotolongo, directeur adjoint de Cupet.

En raison de cette situation, Cuba entend développer son industrie pétrolière à partir de stratégies très diverses. Ainsi, Cupet opère d’importants flux de productions nationales et importées. Par exemple, l’essence est un produit qui ne s’importe pratiquement pas. Suarez signale que ce produit ne correspond qu’à 5% des transactions sur le marché intérieur, si bien que la quasi-totalité de la consommation est de production locale.

LES PLANS QUINQUENNAUX

Outre la recherche de la croissance soutenue de la production cubaine, la projection à l’horizon 2030 de cette entreprise pétrolière d’État, fondée en 1992, vise l’augmentation du volume d’exploitation du pétrole sur terre et en eaux peu profondes, et la récupération des gisements existants, à travers l’introduction des technologies de récupération assistée du pétrole (RAP).

Selon le responsable de l’exploration de Cupet, Osvaldo Lopez Corzo, « la RAP permettrait d’atteindre plus de 90% des réserves pétrolières, en particulier dans la zone de la Franja Norte de Crudos Pesados (Bande Nord des pétroles bruts), qui s’étend sur 750 kilomètres carrés entre La Havane et Varadero (Matanzas), qui fournit la quasi-totalité du brut cubain ».

« Malgré plus de 15 ans d’exploitation, le site de Varadero, le plus important de la zone, compte une réserve estimée à plusieurs milliards de barils in situ, car seulement 6% à 7 % de la totalité ont été extraits », indique Lopez.

Par ailleurs, le projet est d’accélérer l’exploration, l’évaluation et le développement des réserves dans la zone économique exclusive (ZEE) dans le Golfe du Mexique ; amorcer l’exploration dans la partie centre-est du pays et achever un premier agrandissement de la raffinerie de Cienfuegos.

À cet égard, ajoutons que Cuba dispose de quatre raffineries. À Cienfuegos, La Havane, Sancti Spiritus et Santiago de Cuba.

L’entreprise Cupet est structurée en trois sociétés territoriales, une chargée du forage et des services sur puits, et un département offshore. Le groupe d’entreprises, dépendant du ministère de l’Énergie et des Mines, qui est autorisé à effectuer toutes les opérations de la chaîne de valeur de l’industrie pétrolière à Cuba, donnera la priorité dans les prochaines années à la modernisation des capacités de raffinage existantes et à l’utilisation du gaz naturel liquéfié dans la matrice énergétique du pays.

D’autres objectifs immédiats : accroître la qualité des carburants nationaux conformément aux normes internationales, augmenter la capacité de stockage des produits dans le pays, optimiser les coûts des opérations de logistique et produire en association avec des entreprises étrangères.

L’OR NOIR CUBAIN EN CHIFFRES

Cupet, entreprise leader de la Caraïbe insulaire, dont la qualité, la sécurité, le professionnalisme et le respect de l’environnement sont reconnus comme ses principaux atouts, gère une infrastructure pétrolière qui s’est considérablement développée ces dernières années.

Son réseau d’exploitation comprend les gisements de pétrole, des entreprises de production, des centres de stockage de pétrole, des usines de traitement et des pipelines, des raffineries et des centrales de production de gaz. Cupet est responsable également des 45 blocs d’exploration sur terre et en eaux peu profondes.

Selon Osvaldo Lopez, spécialiste en géologie, Cuba génère plus de 95% de son électricité à partir des hydrocarbures et de leurs dérivés, soit à partir du pétrole brut dans les centrales thermiques, soit dans des centrales de gaz. 45% de l’énergie électrique provient du pétrole brut, 3,7% de la biomasse (centrales sucrières) et un faible pourcentage (0,8%) des sources d’énergies renouvelables : éolienne, solaire photovoltaïque, hydroélectrique.

En outre, selon les informations fournies par la direction de Cupet, au terme de 2015, 14,1% de la production totale d’électricité du pays dépendait du gaz naturel. Sur la totalité du gaz produit Cuba, les deux tiers ont été utilisés pour la production d’électricité et le reste dans la consommation domestique dans la capitale cubaine.

« Concernant le transport du pétrole et de ses dérivés dans

l’archipel, 48% est distribué par voie maritime, 28% par oléoducs terrestres, 13% par train et seulement 11 % par route », a signalé le directeur.

La branche de l’énergie elle aussi est concernée par la Loi sur les investissements étrangers à Cuba. Ainsi, de 1990 à ce jour, 42 accords de partage de production ont été signés (CPP), le premier ayant été signé pour le sud de Varadero.

AFFAIRES ET INVESTISSEMENTS

Parmi les propositions destinées au secteur des affaires et des investissements étrangers, figurent l’exploration et la production des blocs dans la zone économique exclusive, sur terre et dans les eaux peu profondes, ainsi que des projets de récupération assistée de pétrole, et des projets dans des gisements non conventionnels.

Le Bureau national des ressources minérales est chargé de certifier les investisseurs potentiels et la branche de l’industrie pétrolière fournit les services financiers, d’ingénierie pour les opérations pétrolières, comme les technologies, l’équipement et les ressources pour l’industrie.

Les principaux termes des contrats sont définis dans le cadre juridique d’un régime spécial. Un accord de partage de production peut avoir une durée comprise entre 25 et 35 ans. Il bénéficie d’une exonération d’impôts sur les bénéfices durant les huit premières années, des taxes sur les salaires, ainsi que de la diminution des taux d’importation et d’exportation pour les matières premières, et de la réexportation sans taux de douanes.

À cet égard, selon le directeur adjoint de Cupet, le soutien du gouvernement, l’expérience de l’entreprise en tant que partenaire et la disponibilité d’un capital humain bien formé sont parmi les principaux avantages pour les investissements étrangers dans l’industrie pétrolière cubaine.

Et d’ajouter à ces avantages, notamment l’existence et les potentialités de ressources pétrolières, la stabilité politique et sociale, un système fiscal attractif, ainsi que des politiques et des normes de transparence.

Le Canada, la Russie, le Venezuela, l’Australie et l’Algérie sont parmi les pays liés au secteur de l’énergie sur l’île, la société canadienne Sherritt étant le plus grand investisseur dans le pays.

UNE ZONE POTENTIELLEMENT RICHE

Il faut savoir que la récupération assistée du pétrole, le pétrole non conventionnel, et l’exploration pétrolière offshore (en mer) exigent des technologies de pointe, dont disposent des entreprises étrangères. Ce sont les moyens les plus sûrs pour éviter une forte baisse de la production pétrolière cubaine et une contraction de la production d’énergie. Aussi, la zone économique exclusive située dans le Golfe du Mexique est-elle l’un des principaux espoirs de l’île.

Cette Zone économique exclusive d’environ 2 000 kilomètres carrés possède 59 blocs en eaux profondes et est ouverte à l’investissement depuis 1999. Il s’agit d’une zone dans laquelle quatre puits d’exploration ont été forés, un en 2004 et trois en 2012, « tous avec des manifestations de pétrole », a déclaré Suarez.

Une fois réalisée l’évaluation régionale du potentiel en hydrocarbures, que dirige Cupet, on tient compte d’arguments scientifiques, à différents degrés de certitude selon les scénarios explorés, qui permettent d’affirmer qu’il s’agit d’une zone avec un grand potentiel.

Suarez indique que, parmi d’autres données, figurent le cadre géologique et structurel de la zone économique exclusive, l’épaisseur des roches sédimentaires et leurs caractéristiques, les niveaux de roches mères et une estimation du potentiel en hydrocarbures.

Cependant, ce n’est qu’après la perforation des puits d’appréciation (puits qui suit l’exploration) que l’on pourra déterminer la quantité et la qualité du pétrole dans chaque gisement. Selon Lopez, chaque fois que l’on creuse un puits, on aura 10% de succès et 90% d’échec.

(Granma)

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