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La meilleure façon d’aider Cuba, c’est de lever le blocus

Obama con empresarios« L’UNE des façons d’aider les Cubains, c’est que le Congrès lève l’”embargo”, une fois pour toutes ». C’est ce qu’a déclaré le président des États-Unis d’Amérique Barack Obama, en s’adressant à un public composé de représentants des entrepreneurs étasuniens et des membres du secteur d’État et autres formes de gestions cubaines, à l’occasion d’un forum d’affaires qui s’est tenu dans les Anciens entrepôts du bois et du tabac, à La Vieille Havane.

Le président a reconnu les transformations que Cuba a réalisées en matière de gestion économique et, a-t-il dit, la Plus grande des Antilles accueille aujourd’hui des entrepreneurs nord-américains. Il a souligné par ailleurs la volonté des États-Unis de renforcer l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et des communications.

Obama a affirmé que le gouvernement des États-Unis souhaite devenir un partenaire commercial de Cuba et il a fait référence à certaines entreprises venues passer des contrats, dont Cleber LLC, la chaîne hôtelière Starwood et celle de location de logements chez l’habitant par Internet, AirBnB.

Il a souligné l’esprit et le talent de la jeunesse et la capacité de création des Cubains, ainsi que l’engagement de Cuba envers l’éducation. Il a également manifesté le souhait des Nord-américains et de son gouvernement de soutenir les petits entrepreneurs et les expériences du secteur privé. Ensuite, a eu lieu un échange, conduit par la journaliste cubano-américaine Soraya O’Brian, qui gère une petite entreprise aux États-Unis.

Le coiffeur Gilberto Valladares, plus connu comme Papito, a partagé sa vision du travail indépendant avec Obama. Dans ce sens, il a affirmé qu’aujourd’hui 95% des coiffeurs appartiennent au secteur privé, une réalité différente de celle d’il y a 10 ans.

Dans son intervention, il a évoqué comment, dans le cadre du projet Callejon de los Peluqueros (Ruelle des coiffeurs) s’est développée une dynamique d’enchaînement de bénéfice économique et social, affirmant également l’importance donnée à la question des valeurs sociales. Ainsi, a-t-il signalé, dix jeunes filles sourdes suivent un apprentissage en ce moment.
En réponse, Barack Obama a félicité Gilberto pour l’installation de son entreprise, et il a ajouté que dans son pays un salon de coiffure est le centre de la communauté. C’est le type d’initiatives qui vont être utiles pour créer de nouvelles pratiques chez les gens.

La personne suivante à intervenir été Idania del Rio, designer graphique et fondatrice du projet Clandestina, une boutique-galerie spécialisée dans des produits reflétant un élément identitaire du pays. « Nous tentons de monter une chaîne de production-commerce-vente, mais surtout modifier le concept de “souvenir” cubain », a-t-elle expliqué.
En réponse à la question sur ce dont avaient besoin les entrepreneurs cubains, Idania a fait référence à la nécessité d’informations sur les réglementations en matière d’importations et d’exportations et sur la possibilité pour les Cubains de vendre leurs produits aux États-Unis.

Concernant ce sujet, Obama a souligné la qualité du personnel de la santé cubaine et le modèle de vente de services qui est déjà appliqué avec succès. Cependant, il n’a pas mentionné la politique toujours en vigueur qui encourage les désertions des médecins qui accomplissent une mission à l’étranger.

L’échange s’est poursuivi avec Abelardo Alvarez Silva, président de la coopérative de crédits et services Antero Regalado, d’Artemisa, qui a expliqué que leurs productions sont destinées à la consommation sociale, la vente directe à la population et aux installations hôtelières.

En réponse à cette intervention, Obama a déclaré que le Secrétaire à l’agriculture étasunien, Tom Vilsack, s’est réuni avec des représentants du gouvernement cubain pour accélérer la coopération entre les agriculteurs des deux pays, ainsi que l’accès à différents produits de ce marché.

La Dr Miriam Portuondo, en représentation du système de santé cubain, a également participé au Forum d’Affaires. Elle a fait référence aux opportunités offertes par la coopération médicale cubaine internationale, en signalant l’expérience cubaine dans la lutte contre le virus Ébola, et d’autres lignes de travail comme l’Opération Miracle.

Elle a également manifesté la disposition de notre pays d’établir des lignes de coopération avec les États-Unis dans des secteurs comme les services universitaires, les essais cliniques sur le cancer et l’industrie pharmaceutique, entre autres.
Obama a ajouté qu’il est possible de développer davantage la coopération scientifique avec le gouvernement cubain. Dans ce sens, a-t-il dit, la connaissance est quelque chose qui doit être partagée afin de pouvoir progresser dans les sciences. Par exemple, nous coopérons sur des questions comme le zika et d’autres maladies transmises par les moustiques. « Qu’importent les opinions politiques, si les maladies sont les mêmes », a-t-il dit.

Le président a indiqué par ailleurs que l’économie cubaine doit changer et prendre les meilleures expériences mondiales, et qu’en dépit de la méfiance mutuelle entre les deux pays après tant d’années d’inimitié, il est possible de travailler au niveau international sans que personne n’impose de conditions aux Cubains.

CUBA EST PRÊTE À FAIRE DES AFFAIRES AVEC LES ÉTATS-UNIS

Pour la première fois en plus d’un siècle, certains investissements ont commencé à fluer par le détroit de La Floride afin de donner du contenu au changement politique amorcé le 17 décembre 2014 par les présidents Raul Castro et Barack Obama.

La rencontre des entrepreneurs qui a eu lieu ce lundi à l’Ancien entrepôt du bois et du tabac de la Vieille Havane, restauré et transformé en brasserie artisanale, met en évidence le potentiel des relations entre les deux pays, mais aussi les obstacles qui persistent à cause du blocus.

Sur ce quai de la baie havanaise des échanges de vues ont eu lieu entre des chefs d’entreprises étasuniens et leur homologues cubains, ainsi qu’une vaste représentation des différents systèmes de propriété qui existent dans l’Île, depuis les travailleurs à leur compte et les coopératives jusqu’aux entreprises mixtes ou nettement publiques.

« Cuba est complètement ouverte au commerce avec les États-Unis », a déclaré au journal Granma, Aurelio Mollineda, directeur général du Groupe d’entreprises du Commerce extérieur. « Nous démontrons que les entreprises et le peuple cubain en général sont ouverts au commerce. »

Mollineda signale que la clef de toute affaire, c’est de comprendre les normes des parties et de les respecter pour rechercher un point commun. « On y parvient chaque fois qu’il y a un intérêt et une couverture légale qui le permet. À Cuba, cet espace existe, car nous, nous ne bloquons personne. Il revient aux États-Unis de lever le blocus et de nous permettre de nous adresser à n’importe qu’elle entreprise étasunienne sans aucune entrave. »

Au sein de la délégation du président Barack Obama se trouvait un groupe d’hommes d’affaires, qui espèrent rentrer chez eux avec des accords concrets. Starwood, rachetée l’an dernier par la transnationale Marriot à travers une opération de plus de 12 milliards de dollars, a signé un accord inédit avec ses homologues cubains pour restaurer et opérer trois hôtels dans l’Île, y compris l’emblématique Hôtel Inglaterra, qui fera partie de sa Collection de luxe, selon les déclarations récentes de la compagnie à la presse étrangère.

Grâce à cette première opération de ce type depuis 1959, il est prévu que l’hôtel Santa Isabel, un petit palais au cœur de la Vieille Havane figure dans son catalogue de première ligne, alors que le plus modeste Hôtel Quinta Avenida, à Miramar, est inclus dans la classe économique.

À la rencontre, à laquelle assistait le président Barack Obama, étaient présents Saul Berenthal et Horace Clemmons, les fondateurs d’une entreprise de tracteurs qui a fait la une des journaux en février dernier.

Cleber, dont le nom provient de la fusion des noms de famille de ses créateurs est devenue la première entreprise étasunienne à obtenir une autorisation du Bureau de contrôle des actifs étrangers pour installer une fabrique dans la Zone spéciale de développement Mariel, le principal projet pour augmenter les investissements à Cuba. Ils espèrent produire un millier de tracteurs par an destinés au secteur agricole cubain et aussi à l’exportation.

Selon leurs déclarations récentes à Granma, dans quelques jours, ils seront prêts à présenter leur projet aux autorités de Mariel pour commencer les démarches leur permettant d’obtenir leur approbation.

Avant la fin de la visite d’Obama, d’autres accords importants dans des domaines tels que le commerce et le transport maritime sont à l’étude.

Quant aux entreprises cubaines, elles souhaiteraient positionner leurs produits leaders sur le marché étasunien, ce qui leur est toujours interdit.

Juan Gonzalez, président de Cuba Ron, a affirmé que dès que le marché des États-Unis s’ouvrira, son entreprise sera prête à exporter toute la boisson de première qualité qu’il sera nécessaire.

Il a signalé que les maîtres rhumiers conservent même les boissons élaborées le siècle dernier spécialement destinées au marché nord-américain.

L’ENTREPREUNARIAT CUBAIN

Cependant le véritable pari du changement de politique de Washington se trouve dans le secteur émergent cubain non étatique, qui s’ouvre un passage en forcé dans le cadre de la mise à jour du modèle économique et est reconnu comme l’un des moteurs du socialisme prospère et durable auquel le pays aspire.

Même si la Maison-Blanche a sans doute son propre agenda pour ce secteur, elle est empêtrée dans l’écheveau de lois du blocus pour parvenir à ses propres objectifs.

Le 15 mars dernier, les Départements du Trésor et du Commerce ont annoncé une nouvelle série de mesures qui assouplissent l’utilisation du dollar pour certaines transactions cubaines, mais on ignore encore la portée réelle de cette mesure.

À la rencontre participait Daniel Schluman, rien moins que le directeur général de PayPal, la principale entreprise de paiements en ligne au monde qui, en mars de l’année dernière, avait dû s’acquitter d’une amende de près de 8 millions de dollars pour avoir effectué des transactions cubaines.

« Je pense que les deux parties ont la volonté de résoudre les problèmes », a déclaré Schulman à ce journal. Il a précisé que son entreprise est prête à rendre plus rapides et moins coûteux les envois d’argent des États-Unis à Cuba. « Mais nous avons encore besoin de comprendre exactement quels espaces ont été ouverts pour nous. »

Dans l’avion Air Force One se trouvait également la directrice de Kiva, Julie Hanna, qui dirige une organisation qui se consacre à prêter de l’argent à travers l’Internet à de petites entreprises ou à des entrepreneurs dans les pays en voie de développement.

« Où que je regarde à Cuba, je vois un pays, de la persévérance, de la débrouillardise pour résoudre les problèmes », a-t-elle dit à Granma. « Je suis particulièrement intéressée par les progrès dans les domaines de la santé et de l’agriculture, qui peuvent être considérés comme des forces régionales. »

Mais ce ne sont pas que des idées. Certaines entreprises ont déjà des résultats concrets à montrer. Brian Chesky, président et fondateur d’AirBnB, une entreprise de gestion de location d’hébergement en ligne, est venu voir de ses propres yeux la mine d’or qu’il a trouvée à Cuba.

Au cours de la conférence de presse quotidienne de la Maison-Blanche qui a eu lieu lundi depuis La Havane, Chesky a affirmé que l’entreprise dispose de 4.000 espaces homologués à Cuba, et nous espérons que ce n’est que le début.
« Cuba est le pays dont la croissance a été la plus rapide dans l’histoire de notre entreprise ». Et d’ajouter : « Nous sommes les représentants de la diplomatie de personne à personne », a déclaré le directeur de l’entreprise qui a commencé à fournir des services sur l’île l’année dernière.

L’ACCÈS À DE NOUVELLES TECHNOLOGIES

Le domaine des nouvelles technologies est une autre des priorités de l’administration Obama, notamment les télécommunications.

Et son centre d’intérêt principal est le capital humain formé par la Révolution dans le domaine des nouvelles technologies, lequel n’a pas réussi à développer son potentiel dans les conditions économiques et juridiques actuelles.

Il a été annoncé récemment que Cuba sera inclus dans le projet Stripe Atlas, en directions des entrepreneurs numériques, les dénommées startups, qui souhaiteraient créer une entreprise aux États-Unis.

Entre autres services, Stripe permet d’ouvrir un compte bancaire à la Silicon Valley Bank, spécialisée dans les entreprises technologiques. De la sorte, elles peuvent encaisser leurs produits ou services et gérer leur argent à travers un compte bancaire réel, depuis lequel elles pourront transférer des fonds vers leur banque locale.

Le président de la compagnie, Patrick Collinson, a déclaré lors du forum qu’ils ont déjà reçu plusieurs demandes de Cuba.
Mais nombre de ces intentions contrastent avec la réalité de milliers d’ingénieurs et d’informaticiens cubains qui, sans soutien et promotion efficaces, s’ingénient de mille façons pour surmonter les obstacles du blocus.

Victor Manuel, qui dirige une entreprise de téléphones portables à La Havane appelée Promovil, a affirmé à ce journal que de nombreux services en ligne nécessaires pour assurer le service et la réparation de la vaste gamme de terminaux mobiles qui arrivent à Cuba de différentes parties du monde sont encore restreints.

Il signale que de nombreux matériels informatiques, principalement étasuniens, subissent en usine de fortes restrictions quand ils sont utilisés à Cuba. Victor Emmanuel indique que pour obtenir certaines fonctions, les informaticiens doivent cacher de quel pays ils viennent en utilisant des procédures informatiques.

Quant au scientifique cubain Agustin Lage, directeur du Centre d’immunologie moléculaire de La Havane, il a déclaré que l’économie du 21e siècle sera fondée sur la science. Tout en reconnaissant l’importance des échanges dans des secteurs tels que la gastronomie, l’agriculture et le tourisme, il a indiqué que les deux pays devraient franchir le pas pour aller vers des produits à forte valeur ajoutée.

Pour atteindre cet objectif, a-t-il dit, la coopération avec le secteur public est nécessaire, comme cela se passe dans tout autre pays dans le monde. La haute technologie dans la plupart des pays du monde est entre les mains de l’État, a-t-il ajouté. « S’en abstenir reviendrait à rater une grande occasion. »

(Granma)

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