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Message des évêques catholiques de Cuba à l’occasion de la prochaine visite du Pape François

francisco-a-cubaAUX fils de l’Église catholique de Cuba, aux frères d’autres confessions religieuses et à tout notre peuple :

Nous, les fils de l’Église de Cuba, et avec nous de très nombreux Cubains, nous avons reçu avec une grande joie, la nouvelle de la visite que le Pape François réalisera dans notre patrie du 19 au 22 septembre prochains. Le Saint-Père souhaite nous témoigner combien il est proche de nous à un moment où, grâce également à sa médiation, un vent d’espoir souffle sur notre vie nationale du fait des nouvelles possibilités de dialogues entre les États-Unis et Cuba. Ce que le Pape est en train de réaliser, en tant que Pasteur universel de l’Église, à la recherche de la réconciliation et de la paix entre tous les peuples de la Terre, est d’une très grande importance.

François sera le troisième Pape à nous rendre visite au cours de ces 17 dernières années. En septembre prochain, Cuba et le Brésil seront les deux pays au monde qui auront le privilège d’avoir reçu trois Papes. Et cela, nous le considérons comme une bénédiction de plus que nous envoie le Seigneur.

Il nous revient à l’esprit tant de fils de notre église qui en ont rêvé, peut-être, mais la vie ne leur en a pas donné le temps. Tant d’évêques, de prêtres, de religieux et de laïques qui ont œuvré « dès la première heure » (Matthieu. 20,1) très souvent en semant « avec des larmes » (Psaume 126,5). Nous les admirons pour avoir été de véritables titans de la foi. C’est nous qui, aujourd’hui, sommes les privilégiés appelés à « récolter entre chants d’allégresse et de fête » (Psaume 126,6).

Nous nous souvenons tous comment nous avons reçu le Pape Jean-Paul II, aujourd’hui sanctifié, comme le « messager de la Vérité et de l’Espoir », et nous n’oublierons jamais ni ses paroles ni son geste de couronner l’image vénérée de la Vierge de la Charité. Quant au Pape Benoît XVI, il fut parmi nous le « Pèlerin de la Charité ».

Il souhaita s’unir à nos célébrations à l’occasion du 400e anniversaire de la découverte et de la présence de la Vierge au sein de notre peuple et il se rendit au Sanctuaire du Cobre pour, tel un pèlerin cubain de plus, s’agenouiller au pied de l’image bénie de Notre-Dame, allumer un cierge et lui offrir une fleur. Aujourd’hui, nous nous préparons à accueillir le Pape François comme le « Missionnaire de la Miséricorde ».

Chers filles et fils,

Le Pape François ne se lasse pas de parler de la miséricorde : il l’a mentionnée à treize reprises dans ses paroles du premier dimanche qui a suivi son élection. Et il vient de nous convoquer à célébrer une Année jubilaire extraordinaire de la Miséricorde, qui débutera le 8 décembre de cette année et s’achèvera le 20 novembre 2016.

La miséricorde, chers tous, n’est rien d’autre que « lancer notre cœur » aux autres, non une pierre, ni une insulte ou un coup. La miséricorde, c’est est aussi « ouvrir son cœur à la misère ». Et il y a tant de misère autour de nous ! Parfois, il semble que nous vivons dans un monde sans cœur. En tout lieu, nous rencontrons des misères morales, spirituelles, sociales, intellectuelles, psychiques, matérielles… et nous rencontrons aussi des gens insensibles face à la douleur humaine.

Nombreux sont ceux qui se plaignent de la dureté avec laquelle ils sont traités par les autres. Un langage sans miséricorde augmente parmi nous. La violence est à fleur de peau. Il y a de l’agressivité dans les familles, sur les lieux de travail, dans les communautés, etc. Et le Pape François, Missionnaire de la Miséricorde, veut nous inviter à ne pas nous lasser de pratiquer la miséricorde.

Récemment, dans sa Lettre pastorale sur l’Année de la Miséricorde, le Pape a rappelé que Jésus-Christ, « visage de la miséricorde du Père », nous a révélé la miséricorde de Dieu. Et il explique que notre Dieu, tout au long de la Bible, nous est apparu proche, patient et « riche en miséricorde » (Éphésiens. 2,4) et « qu’il ne nous traite pas selon nos péchés » (Psaumes 103,10) parce que « sa miséricorde est éternelle » (Daniel 3, 89).

Que Jésus Christ nous a donné, par ses actes et ses paroles, de nombreux exemples de miséricorde : dans le chapitre 15 de l’évangile de Saint-Luc, Jésus nous a proposé trois paraboles ou comparaisons merveilleuses : celle du bon pasteur qui a cherché jusqu’à la trouver, la brebis égarée, celle de la femme au foyer qui fait la fête parce qu’elle a trouvé la monnaie qu’elle avait perdue, et celle du Père miséricordieux qui convie à une fête pour avoir retrouvé son fils qui s’était égaré sur de mauvais chemins.

Jésus-Christ nous a tous appelés à pardonner « soixante-dix-sept fois », c’est-à-dire toujours, (Mt. 18,22). Il a donné à manger aux affamés (Mt. 9,36) et soigné les lépreux (Luc. 17, 11-19), les paralytiques (Matthieu. 9, 1-8), les aveugles (Jean 9, 1-41), les sourds-muets (Marc. 7, 31-37), etc. Il s’est ému devant les pleurs d’une veuve qui portait en terre son fils unique (Luc. 7, 11-15);

Il a invité Matthieu, un homme que tous critiquaient, à faire partie des 12 apôtres (Mt. 9, 9-13). Il a pardonné aux pécheurs (Jean. 8, 1-11) et il a pardonné et prié pour ceux qui l’ont crucifié (Luc. 23,34). Ce fut dans le sermon de la Montagne (Matthieu. 5,7) qu’il a proclamé : « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront la miséricorde ».

Nous tous dans ce monde, Cubains inclus, nous avons besoin de la miséricorde. Pour nous et pour les autres. Certains ne se pardonnent pas d’avoir commis une erreur ou ne pardonnent pas à ceux qui les ont offensés. Et nous devons nous souvenir que, non de façon optionnelle mais impérative, Jésus-Christ exigea de nous : « Soyez donc miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » (Luc. 6, 36). Et Saint-Paul nous avertit que « ceux qui n’ont pas de miséricorde doivent s’attendre à un jugement sans miséricorde ».

Comme il serait bon, en ces jours préalables à la visite du Pape que nous demandions au Seigneur de nous revêtir « d’entrailles de miséricorde » (Colossiens. 3, 12). Et que nous répétions de nombreuses fois par jour cette simple prière que beaucoup d’entre nous avons apprise lorsque nous étions enfants :

« Sacré-Cœur de Jésus, fais que mon cœur soit semblable au tien ». Ce serait également opportun de nous proposer tous, nous inclus, de répéter des gestes de miséricorde dans notre vie quotidienne, comme rendre visite aux malades, partager ce que nous avons, pardonner et demander pardon, consoler le malheureux, aimer davantage et mieux les autres, etc. Souhaitons qu’en ces jours et pour toujours, nos foyers deviennent des lieux de paix et d’accueil pour tous ceux qui arrivent en cherchant la miséricorde !

À cet effet, nous les Évêques de Cuba, nous souhaitons que, en préparation immédiate de la visite du Pape François, les premiers vendredis des mois de juillet, août et septembre, dans chaque communauté et dans chaque cœur qui veuille s’unir à nous, se réalisent des gestes de miséricorde en faveur de ceux qui en ont besoin, ainsi que des moments spéciaux de prière et de jeûne.

De la même façon, nous vous invitons à programmer dans vos communautés une veillée de prières pour la nuit du jeudi 17 au vendredi 18 septembre. Nous rappelons que les diocèses, les paroisses et les communautés peuvent, comme en d’autres occasions semblables, avoir leurs propres initiatives afin d’atteindre l’objectif proposé, qui est de demander l’aide de Dieu pour qu’ils préparent les cœurs des Cubains à écouter et à accueillir le message d’espérance et de miséricorde que nous apportera le Pape François.

Nous implorons la Vierge de la Charité, Patronne de Cuba, que nous appelons aussi « Reine et Mère de miséricorde » d’accorder sa sollicitude maternelle à cette visite tant désirée. La visite du Pape à son Sanctuaire du Cobre coïncidera avec la semaine où, il y a 100 ans, pendant les guerres d’indépendance, les mambis écrivirent au Pape pour lui demander de la déclarer Patronne de notre Patrie. Souhaitons qu’Elle, qui a accompagné notre peuple dans les bons et mauvais moments, obtienne du ciel une grande bénédiction pour Cuba et ses fils, où qu’ils soient, quoi qu’ils pensent et quelle que soit leur croyance.

Nous, les évêques de Cuba, nous prions pour que les enseignements que nous laissera le Pape François nous amènent tous à croire en la foi et en l’espérance, et que nous puissions apprendre à avoir un cœur plein de miséricorde pour tous. Que notre Bon Dieu ôte de notre corps, comme nous le lisons dans le prophète Ezéchiel (11, 19-20), nos « cœurs de pierre » et nos « vieux esprits » et nous donne des cœurs de chair et des esprits nouveaux pour que nous vivions selon ses enseignements.

Et nous prions aussi pour que les bénédictions de Dieu parviennent également à ceux qui ne pourront pas participer aux messes que le Pape François célébrera à Cuba parce qu’ils seront loin de la Patrie, ou pour des raisons professionnelles, de santé ou de transport ou pour être en prison.

À tous, et à tout notre peuple, nous vous assurons de notre proximité et de notre prière.

Les évêques de Cuba.

La Havane, le 29 juin 2015

Solennité des saints apôtres Pierre et Paul.

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