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L’Union européenne dispose d’un espace pour nous accompagner dans notre développement

D canel CorreaChefs d’État et de gouvernement,

Excellences,

Pour l’Amérique latine et la Caraïbe, ce 2e Sommet Celac-Union européenne constitue un défi, car nous devons nous fixer l’objectif de revoir les liens entre les deux régions afin d’obtenir l’impact désiré dans les relations économiques, commerciales et de coopération.

L’Histoire a prouvé que le sous-développement de l’Amérique latine et la Caraïbe a commencé avec le pillage colonial, l’extermination de millions de personnes des peuples originaires et les horreurs de l’esclavage. Les déformations structurelles de nos économies se sont aggravées avec l’exploitation néocoloniale. Les pays industrialisés et les transnationales ont imposé leurs intérêts, le capitalisme a établi des modèles de production et de consommation irrationnels et insoutenables. Les États-Unis nous ont privé d’une part de nos territoires et de notre souveraineté sur nos ressources naturelles et ont mutilé l’indépendance des nations de la région, y compris au prix de sanglantes dictatures militaires. Le néolibéralisme a effacé une décennie de progrès. Ils ont contaminé nos économies avec la crise économique mondiale et la spéculation financière.

En dépit des progrès réalisés, l’Amérique latine et la Caraïbe est la région la plus inégale du monde en termes de distribution des richesses, et où persistent la pauvreté, l’accès insuffisant à l’éducation, à la santé et au savoir.

En juin 1999, au Sommet de Rio de Janeiro, l’Union européenne nous a proposé une « association stratégique birégionale ».

À Santiago du Chili, en janvier 2013, la Celac a renouvelé sa volonté de « coopérer et de renforcer les relations birégionales sur la base du respect, de l’égalité souveraine et sans ingérences externes.

À La Havane, en janvier 2014, la Celac a adopté la proclamation de l’Amérique latine et la Caraïbe comme Zone de paix, en établissant les principes recteurs qui régissent les liens entre les pays de la région, applicables à leurs relations avec le reste du monde.

J’invoque cette Proclamation pour exprimer notre solidarité avec la République bolivarienne du Venezuela et son président Nicolas Maduro Moros, face à l’ordre exécutif arbitraire et infondé du président des États-Unis, lequel impose des sanctions dont notre région exige la levée.

Malgré les liens historiques et culturels importants qui nous unissent, notre région occupe un niveau marginal dans les priorités économico-commerciales de l’UE. Les asymétries se creusent et, de façon mécanique et injuste, on retire la coopération aux petits États de la Caraïbe.

Les Objectifs du millénaire pour le développement sont toujours inatteignables. Sans un autre ordre économique international et financier, le Programme de développement pour l’après-2015 sera un mirage et augmentera la dépendance et la brèche Nord-Sud.

Les modèles politiques et l’État de bien-être en Europe sont entrés en crise. Les programmes d’ajustement et d’austérité ont gravement touché les travailleurs, les familles et les immigrants. Une partie considérable d’une génération n’a toujours pas trouvé son premier emploi.

Pour survivre, il est urgent d’agir en vue de freiner le changement climatique par le biais d’un accord légalement contraignant, ambitieux, juste et équitable qui assure le financement, la technologie et la coopération en matière d’adaptation et d’atténuation, sur la base des responsabilités communes mais différenciées et la reconnaissance de la dette historique des pays développés.

Les menaces croissances à la paix et à la sécurité internationales, les guerres non conventionnelles et la pauvreté, qui dévastent des nations et détruisent des États, poussent des vagues d’êtres humains désespérés à quitter leurs pays pour trouver refuge.

Très tôt nous avons averti que l’expansion de l’OTAN vers les frontières de la Fédération de Russie impliquerait une grave menace pour la paix, la sécurité et la stabilité internationales et de l’Europe elle-même. Nous réaffirmons notre opposition aux sanctions contre ce pays.

Malgré la décision historique de Cuba et des États-Unis de rétablir des relations diplomatiques, le blocus économique, commercial et financier contre Cuba persiste dans toute son intensité. Le moment est venu pour l’Europe de plaider pour sa suppression totale et de mettre fin à l’Entente – nullement éthique – avec les États-Unis, de novembre 1996, qui accepte la législation qui lui sert de base et qui l’internationalise : la Loi Helms-Burton.

La cessation de cette politique injuste, ainsi que la restitution du territoire occupé par la Base navale de Guantanamo, l’arrêt des transmissions radiophoniques et télévisuelles qui enfreignent les normes internationales, la réparation des dommages humains et économiques subis par notre peuple, ainsi que l’annulation des programmes à caractère subversif, constituent des prémisses indispensables pour la normalisation des relations entre les deux pays.

Nous continuons de travailler à la conclusion d’un Accord de dialogue politique et de coopération entre l’Union européenne et Cuba sur des bases de réciprocité, de respect mutuel et de non-ingérence, que nous avons établi en 2008 pour la relance des relations de coopération entre les deux parties.

L’Union européenne, qui constitue un important partenaire économique pour Cuba, dispose d’un espace pour nous accompagner dans notre développement. Par ailleurs, elle peut contribuer à la construction d’un monde plus juste et équitable. Pour ce faire, il est urgent de démolir l’actuel système de domination, d’hégémonie, de pillage des ressources et de spéculation financière.

Tout comme l’a fait le leader historique de la Révolution Fidel Castro au premier de ces rendez-vous, je vous invite à « opérer le miracle de rendre possible l’impossible ».

(Granma)

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